Macron démultiplie les bénéficiaires de l’assurance chômage, il l’ouvre aux « artisans, commerçants indépendants, entrepreneurs, professions libérales et agriculteurs ». Actuellement, ces catégories sont en effet maintenues en-dehors du système général dont bénéficient les salariés. A ces nouvelles catégories, Emmanuel Macron ajoute les salariés qui démissionnent d’un CDI après 5 ans d’ancienneté dans l’entreprise. Et c’est là que commence le problème…
Peut-on imaginer une société d’assurance automobile permettre à tous ses assurés de se faire rembourser sans condition leur voiture sans autre condition que celle de ne pas recommencer plus d’une fois tous les cinq ans ?
Macron fait le choix de remplacer la couverture du risque du chômage par le droit à démissionner pour toucher un revenu..
Bien évidemment, l’entrée de ces nouveaux allocataires implique un surcoût massif pour l’assurance chômage. L’institut Montaigne l’évalue, en « hypothèse médiane », à « 4,8 milliards d’euros par an ». …
La durée et le montant de ses indemnisations ne sont plus garanties par le montant et les années de cotisation.
Jusqu’ici, l’allocation est calculée en fonction du niveau de contribution du salarié via ses cotisations – dans la limite de quatre fois le plafond mensuel de la Sécurité sociale, lorsque l’on a cotisé à hauteur de ce plafond. En ne se basant plus sur les cotisations mais sur la CSG, l’assurance chômage version Macron sera logiquement déconnectée de cette méthode de calcul. D’où l’incertitude sur les montants.
La solution repose… sur le durcissement des règles de contrôle voulues par Emmanuel Macron Finalement, la durée de l’indemnisation sera désormais impossible à connaître à l’avance puisqu’elle équivaudra… au temps que mettra Pôle emploi à vous soumettre deux offres entrant dans ces critères.
La réforme Macron entraine une nationalisation de l’assurance chômage, elle ne sera plus financée par les cotisations mais par l’impôt, elle échappera donc aux partenaires sociaux
En effet, en remplaçant les 2,4 % de cotisations chômage des salariés par une hausse de 1,7 point de la contribution sociale généralisée (CSG, un quasi-impôt, prélevé à la source), il transfère à l’Etat le pouvoir sur les ressources. Ceux qui contribueront ne seront pas tous concernés par le risque du chômage ( les retraités), ce qui est contraire aux principes même de l’assurance…
Peut-on imaginer que tous les Français soient obligés de financer l’assurance automobile même s’ils n’ont pas de voiture ?
Côté négatif, l’étatisation « fera disparaître le caractère assurantiel » du régime, rappelle l’économiste Michel Husson, de l’Institut de recherches économiques et sociales.
Un système où «les cotisations des salariés donnent droit à une indemnisation plus ou moins proportionnelle à leur salaire». Cette garantie ne sera effectivement plus assurée, puisque le lien direct entre cotisations et allocations sera coupé. Le gouvernement, en fonction de ses orientations politiques, aura alors les mains totalement libres pour décider, par exemple, de réduire drastiquement le niveau de l’indemnisation, voire de réintroduire la dégressivité des allocations, en place de 1986 à 2001.
Autrement dit, même contestés par certains syndicats (comme la CGT), les accords négociés sous forme de compromis au sein de l’Unédic assuraient aux salariés une couverture relativement élevée du risque chômage.
La France a besoin de s’initier aux négociations, Macron a choisi l’étatisation…Aux antipodes du modèle allemand