Je n’ai jamais aimé Mitterrand, homme habile mais sans véritable conviction, j’ai toujours eu beaucoup de respect et d’admiration pour Michel Rocard intellectuel , homme de convictions et de valeurs . Je ne le comprenais pas toujours mais je n’étais pas le seul . Avec Philippe Séguin , Rocard est un homme d’Etat que la France n’ a pas apprécié à sa juste valeur
« Alors Rocard, Séguin, même combat? La comparaison est tentante, encore qu’elle trouve vite ses limites. Ils sont tous deux enracinés au plus profond de traditions politiques anciennes (le socialisme et le gaullisme) tout en étant restés en marge des partis et des clans qui en tiennent les rênes. Ils ont en commun l’humiliante soumission, un rien masochiste, à des personnages emblématiques dont la proche fréquentation leur a fait mesurer qu’ils n’avaient rien à leur envier, sauf cet obscur charisme qui fait que certains plus que d’autres s’imposent comme leaders au peuple. Ils ont suscité la même méfiance, instinctivement concurrentielle, auprès de ces chefs dont ils étaient contraints de suivre le sillage, même si la haine rancie d’un Mitterrand à l’égard de Rocard fait passer le «compagnonnage» musclé et suspicieux de Chirac et de Séguin pour une aimable bluette. Ils sont tous deux des intellectuels pas toujours à l’aise dans les jeux politiques, même si l’un et l’autre se flattent de réalisations municipales ou se sont essayés à de vaines manoeuvres d’appareils dans leurs formations respectives. Ce sont les hommes de quelques idées fortes, de propositions sophistiquées rodées dans des colloques savants (le temps de travail pour Rocard, le double secteur protégé/exposé pour Séguin), et de commerce personnel pas toujours facile. Ajoutons une égale propension à décevoir leurs plus proches partisans, même si, à ce jeu, Rocard aura longtemps été entouré d’un réseau générationnel de copains, alors que Séguin demeure fondamentalement un solitaire ombrageux. » J M HELVIG EN