le fonctionnement du GIEC : plus politique que scientifique, bloque tout débat et rend impossible la démarche scientifique

Bernard Guy, ingénieur civil des mines (Paris), docteur ès sciences (Université Pierre et Marie Curie, Paris), directeur de recherche émérite à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, Institut Mines Télécom. Ancien directeur du département géologie de l’Ecole des Mines. Recherches et enseignements en sciences de la terre, physique, et philosophie des sciences. 

J’ai évoqué les climato-réalistes. Ce sont de grands scientifiques, comme je l’ai dit, qui défendent la thèse B (et dont la parole n’est pas diffusée). Ils sont reliés à un groupe international qui a publié une déclaration intitulée CLINTEL (pour climate intelligence). Celle-ci a été signée par près de deux mille scientifiques, dont des prix Nobel (c’est un peu moins que le nombre de scientifiques qui travaillent ou ont travaillé pour le GIEC).

Vous pouvez trouver sur internet le texte complet. Si l’on résume quelques-unes de leurs affirmations on pourra dire Il n’y a pas d’urgence climatique. Il n’y a aucune raison de paniquer ou de s’alarmer. La politique climatique s’appuie sur des modèles inadéquats. Ceux-ci présentent de nombreuses lacunes et ne sont absolument pas plausibles en tant qu’outils de politique mondiale. Ils exagèrent l’effet des gaz à effet de serre tels que le CO2. Nous nous opposons fermement à la politique néfaste et irréaliste de zéro émission nette de CO2 proposée pour 2050. Si de meilleures approches voient le jour, et elles le feront certainement, nous aurons tout le temps de réfléchir et de nous réadapter. L’objectif de la politique mondiale devrait être « la prospérité pour tous » en fournissant une énergie fiable et abordable à tout moment.

Mais il importe de prendre du recul sur ce qu’est le GIEC et son fonctionnement. En anglais, il s’agit de l’IPCC, soit l’Intergovernmental Panel for the study of Climate Change. Le mot expert est absent, mais le mot intergovernmental y est, c’est le mot important. Le GIEC n’est pas d’abord un organisme scientifique dont la recherche porterait sur le climat. C’est un lieu de rassemblement de personnes émanant de divers pays, dont le rôle est de se mettre d’accord sur ce qu’on dit du climat. C’est une émanation de l’ONU qui a trouvé nécessaire de parler d’une seule voix, pour éviter la cacophonie sur ces sujets sensibles (des sommes d’argent considérables sont mises en jeu). C’est un organisme à caractère politique, regroupant des diplomates et des représentants de la communauté scientifique. Le GIEC a des règles très strictes quant à la diffusion des informations. Ainsi les scientifiques n’ont pas le droit de parler de leur propre chef ; toute formulation doit être pesée par les politiques et soumise à des votes de consensus.

Des expressions du type « il est très vraisemblable que l’homme a la responsabilité du changement climatique » (qui est déjà un raccourci) deviennent bientôt : « l’homme a déréglé le climat ».

Par opposition, l’histoire des sciences nous montre que la science n’a jamais fonctionné par votes. La science met en face les observations et les hypothèses, et rejette les discours qui ne s’accordent pas avec les observations. Elle doit permettre le débat lorsqu’il est utile ; la notion sous-jacente de confiance est importante : on ne peut tout vérifier soi-même. C’est aujourd’hui toute la science et ses rapports à la société qui est pervertie par le manque de débat et l’échange de noms d’oiseaux à la place d’arguments scientifiques. Le premier rôle de la science n’est pas de dire ce qu’il faut faire, mais de rechercher la vérité et éclairer le reste de la société21. Dans l’histoire, les avancées scientifiques majeures ont souvent été celles qui s’écartaient du discours de la majorité des savants et s’opposaient aux consensus. Aucun état ne peut décider ce qui est vrai du point de vue scientifique (l’affaire Lysenko en URSS en est un triste exemple). La science a aussi besoin d’argent pour fonctionner. Cet argent peut corrompre la parole des scientifiques qui en sont dépendants.

Lors d’un débat visible sur Youtube, j’ai appris que le Laboratoire français des sciences du climat (qui défend la thèse A) avait reçu à l’époque des subventions se comptant en centaines de millions d’euros, alors que des chercheurs critiques (thèse B), tel Vincent Courtillot, en avaient reçu zéro

le discours dominant est devenu un mythe fondateur dont l’ensemble de la société a besoin pour se donner des raisons de vivre : What I tell you three times is true. Mythe orchestré par un certain nombre d’hommes politiques et journalistes (dont la culture de base n’est pas toujours scientifique). La machine est lancée, avec la quasi-impossibilité de revenir en arrière, autant pour des raisons de fierté personnelle des acteurs, qu’à cause de l’inertie des décisions politiques, des infrastructures industrielles, etc. Les scientifiques mouillés dans l’entreprise et en vue dans le paysage médiatique, au début de bonne foi, sont maintenant ligotés et ne peuvent se dédire. La situation me paraît aujourd’hui figée, cimentée, bloquée. La collaboration entre les différentes parties ne se comprend plus entre personnes libres, c’est celle d’une armée en marche qu’il serait malvenu de vouloir faire changer de trajectoire.

Comme nous l’avons dit, nous avons besoin de grands récits, de mythes, ils sont importants pour nous. Mais lesquels choisir ? Avec le recul des idéologies et des religions, n’a-t-on pas trouvé une raison de vivre : lutter pour sauver notre maison commune ? Le problème est qu’on a fait de ce mot d’ordre une nouvelle idéologie qui interdit toute critique. Ses héraults sont devenus des prophètes, des gourous, dont le pouvoir est augmenté à la proportion de la peur du pire qu’ils distillent.

Les grands médias ont fait du climat une affiche de leur identité, de leur responsabilité (contre les retardataires qui mènent la planète à sa perte : « nous on est lucide, on pense aux autres »). Je vous avoue être affecté par la politique « militante » de journaux comme La Croix ou Le Monde, de médias comme France Télévision (auxquels je n’échappe pas) qui annoncent haut et fort qu’ils ne donneront jamais la parole à ceux qui nient la responsabilité humaine du changement climatique (Figure 22). Tout en se glorifiant d’être des modèles en matière d’ouverture et de débat. Le meilleur et le pire s’y côtoient, certes comme dans chacun d’entre nous. L’urgence proclamée interdit la réflexion, la pensée véritable

Si ces derniers font autant d’effort pour faire taire toute contradiction, c’est que leur position n’est pas si assurée que cela. Devant la complexité des problèmes, la confiance à accorder aux scientifiques est indispensable. A cause de ce qu’ils ont fait, les ou certains défenseurs de la thèse A n’ont plus ma confiance. Le seul argument qui semble leur rester, repris en boucle par les médias, comme un qualificatif a priori disqualifiant, est : les climatosceptiques ne sont pas climatologues26 ! Si l’on épluche les rapports successifs du GIEC on constatera les multiples changements, non avoués, qu’ils ont opéré dans la façon de présenter leurs arguments, et les multiples silences manifestés (et qui freinent la confiance à leur accorder). Par exemple, je l’ai dit, l’abandon de la fameuse courbe en crosse de hockey, l’abandon de certaines prévisions de montée de la température excessive, l’omission des courbes des variations associées de T et CO2 des forages de l’Antarctique, la nouvelle présentation des modèles en s’appuyant sur la dualité27 natural / human, etc.

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About pgibertie

Agrégé d'histoire, Professeur de Chaire Supérieure en économie et en géopolitique, intervenant àBordeaux III et comme formateur à l'agrégation d'économie à Rennes Aujourd'hui retraité
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5 Responses to  le fonctionnement du GIEC : plus politique que scientifique, bloque tout débat et rend impossible la démarche scientifique

  1. Avatar de maikoro12 maikoro12 dit :

    merci. tres bon argumentaire. malheureusement la propagande est telle….

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  2. Avatar de practicallyc66ef89cd9 practicallyc66ef89cd9 dit :

    « La machine est lancée, avec la quasi-impossibilité de revenir en arrière, autant pour des raisons de fierté personnelle des acteurs, qu’à cause de l’inertie des décisions politiques, des infrastructures industrielles, etc. Les scientifiques mouillés dans l’entreprise et en vue dans le paysage médiatique, au début de bonne foi, sont maintenant ligotés et ne peuvent se dédire.  » Tout est là ! Tous ceux qui pendant des années ont dégoisé sur la faute du CO2 pour le réchauffement climatique ne reviendront jamais sur ce qu’ils on écrit. Fur pas se voiler la face, le réchauffement existe bien,à cause de quoi? Du changement climatique multifactoriel mais pas du CO2, sûrement pas et nous n’y pourront rien sinon à se préparer à ce changement.

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    • Avatar de Liz Liz dit :

      SI vous le permettez, je nuancerais votre propos. Ces gens obéissent à l’injonction du moment selon leurs intérêts. Ils sont fondamentalement lâches. Si le vent venait à tourner, comme ils ont des faces de cµl, ils n’hésiteront pas à faire marche arrière toute. Ce sera des déclarations grand-guignolesques, insincères, pour sauver leurs peaux et leurs meubles.

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