EXCLUSIF – Gérald Darmanin puis Sophie Primas ont établi un lien entre la menace russe et la menace terroriste, citant notamment les attentats commis par des Tchétchènes contre Samuel Paty et Dominique Bernard. Mickaëlle Paty, sœur de l’enseignant assassiné, réagit avec colère à ces propos.

Abdoullakh Anzorov était un jeune Russe tchétchène né à Moscou en 2002. Il avait obtenu le 4 mars 2020 un titre de séjour valable jusqu’en mars 2030. Il avait le statut de réfugié et habitait à Evreux, dans l’Eure. Il n’avait plus de liens avec Moscou depuis 2008, a assuré l’ambassade de Russie. « Ce crime n’a rien à voir avec la Russie, étant donné que cet individu vivait en France depuis douze ans et avait été accueilli » par le pays, a déclaré aux agences de presse russes un porte-parole de la représentation russe à Paris. Selon lui, Abdoullakh Anzorov est arrivé en France à l’âge de 6 ans avec toute sa famille. Ils ont obtenu le statut de réfugiés, qui conduit automatiquement à une déchéance de la nationalité russe.

Pour l’assassin se S Bernard Tout le monde a par contre « appris à la télévision » que la famille venait d’Ingouchie, une République russe, voisine de la Tchétchénie, située dans la région du Caucase du nord, marqué par deux décennies de guerre et de djihad. À leur arrivée en France en 2008, Mohammed avait alors 5 ans, la famille a fait une demande pour obtenir le statut de réfugié politique. Sans succès. La famille, installée alors en Ille-et-Vilaine, faillit même être expulsée en 2014. Mais la famille, dont le sort rappelle à ce moment-là l’affaire Leonarda, n’embarque finalement pas, grâce à la mobilisation d’élus et d’associations de défense de sans-papiers.

Mickaëlle Paty, la sœur de l’enseignant assassiné en 2020, confie au Figaro sa colère après des propos tenus par le ministre de la Justice Gérald Darmanin mercredi sur CNews et Europe 1, puis par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. Tous les deux ont affirmé que la menace terroriste en France se confondait parfois avec la menace russe, mettant en cause la responsabilité de la Russie dans l’assassinat de Samuel Paty et de Dominique Bernard, tués l’un comme l’autre par des djihadistes originaires du Caucase possédant la nationalité russe, et vivant en France comme réfugiés.

«Ceux qui assassinent Samuel Paty, c’est qui ? Ce sont des citoyens russes, tchétchènes. La Russie, ce sont des centaines de citoyens qu’elle ne veut pas reprendre. […] Ils sont fichés S, radicalisés, islamistes, ils sont russes et la Russie ne les reprend pas» a déclaré le garde des Sceaux, en réponse notamment au RN selon qui le terrorisme représente une menace plus importante que la Russie pour la France. «C’est parfois la même chose, la menace russe et la menace terroriste» a estimé Gérald Darmanin. Des arguments repris en milieu de journée par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, à l’issue du conseil des ministres : «Samuel Paty a été assassiné par un Tchétchène Russe. Donc y compris sur le terrorisme, le rôle de la Russie est engagé» a-t-elle déclaré.