Inondations: pour les scientifiques, elles n’augmentent pas mais elles sont plus médiatisées et aggravées par l’urbanisation . Le changement climatique est une foutaise

Les résultats obtenus dans la présente étude montrent que malgré l’augmentation des événements de précipitations extrêmes signalés par des études précédentes sur le même domaine (Ribes et al., 2019), il n’y a pas d’augmentation générale de la fréquence des inondations.

Seuls quelques bassins présentent des tendances significatives à la hausse de l’intensité des inondations les plus extrêmes. Au contraire, une tendance globale vers une diminution des occurrences annuelles d’inondations est observée pour les événements d’intensité modérée, c’est-à-dire ceux supérieurs au 95e percentile. Le même signal, avec une ampleur plus faible, est également observé pour les inondations plus élevées supérieures au 99e percentile. Dans l’ensemble, on détecte beaucoup plus de tendances pour la fréquence annuelle des inondations que pour leur intensité.

Il convient également de souligner que l’ampleur de ces tendances reste modérée et que, par conséquent, ces tendances ne sont perceptibles que sur de longues périodes. La diminution de l’humidité du sol semble être un facteur important de ces changements détectés, et en effet, dans tous les bassins, une augmentation de la température et de l’évapotranspiration associée à une diminution des précipitations entraîne une réduction de l’humidité du sol au fil du temps.

Pour plusieurs bassins, la diminution de l’humidité du sol peut compenser l’augmentation des précipitations extrêmes et générer des inondations moins fréquentes. Ces changements sont surtout observés pour les grands bassins agricoles, à faible urbanisation et dans les zones karstiques. Wasko et Sharma et al. (2017) ont précédemment noté l’importance de la taille du bassin versant pour l’influence de l’humidité du sol sur le ruissellement des crues en raison d’un potentiel plus élevé de stockage de l’humidité du sol. Les tendances détectées dans le présent travail sont cohérentes avec celles trouvées dans d’autres régions méditerranéennes telles que l’Espagne (Mediero et al., 2014) et l’Australie (Wasko et Nathan, 2019). Une conclusion importante du présent travail est qu’avec les mêmes facteurs climatiques à grande échelle (en termes de température, d’évapotranspiration et de précipitations), les tendances des inondations dans les bassins peuvent être différentes. Cela montre l’importance des caractéristiques des bassins pour amortir la variabilité climatique. En effet, même si l’on observe des schémas d’évolution similaires dans les 95e et 99e percentiles, l’analyse des bassins versants individuels révèle des différences spatiales, même pour des bassins voisins, causées par des combinaisons différentes de topographie, de sol et de couverture du sol. Il s’agit là d’une démonstration factuelle du commentaire de Whitfield (2012), qui a déclaré qu’il serait très difficile, voire scientifiquement non pertinent, de faire des déclarations générales sur l’évolution plausible future du risque d’inondation.

Ces résultats, qui ne montrent pas de tendance générale à la hausse des inondations, doivent être mis en perspective avec l’augmentation observée de la vulnérabilité à ces épisodes. En effet, de nombreux rapports tels que Llasat et al. (2013) indiquent une augmentation du nombre d’inondations causant des dommages entre 1981 et 2010 dans le sud de la France et le nord de l’Espagne, qu’ils attribuent à une vulnérabilité accrue et à des changements d’utilisation des sols. Dans les régions méditerranéennes françaises, 66 % du coût total des dommages causés par les inondations est concentré dans les propriétés privées en France (Vinet, 2011), et le total des actifs perdus en raison des inondations est en hausse, comme dans de nombreuses autres régions (CCR, 2018 ; Paprotny et al., 2018). Les zones proches de la Méditerranée ont connu une augmentation de la population et une extension des zones urbanisées, entraînées en partie mais pas uniquement par l’augmentation des activités touristiques (Vinet, 2011 ; Vinet et De Richemond, 2017). Bouwer (2011) a conclu après une revue de 22 études sur les pertes dues aux catastrophes « qu’il n’y a pas de tendance dans les pertes dues aux inondations, corrigées des changements (augmentations) de la population et du capital à risque, qui pourrait être attribuée au changement climatique anthropique ».

Par conséquent, on peut conclure que, au moins pour le sud de la France, comme l’ont noté précédemment Neppel et al. (2003), l’augmentation du coût des dommages causés par les inondations est plutôt due à l’augmentation de la vulnérabilité socio-économique plutôt qu’à un signal du changement climatique vers une augmentation de la gravité des inondations. Néanmoins, l’évolution de la fréquence et de l’intensité des inondations est une question clé pour la prévention des risques. La mortalité liée aux inondations dans le bassin méditerranéen est conditionnée à la fois par des facteurs de risque (par exemple, l’intensité des précipitations, le débit) mais aussi par des facteurs sociaux (par exemple, les comportements, les caractéristiques des bâtiments) comme le montrent différentes études (Ruin et al., 2008 ; Vinet, 2011 ; Boudou et al., 2016). Des connaissances plus approfondies sur les tendances des précipitations et des inondations doivent être croisées avec des données d’exposition (par exemple, la population dans les zones inondables) et de vulnérabilité (par exemple, le vieillissement de la population dans le futur) pour anticiper l’évolution de la mortalité humaine en relation avec les crues soudaines dans le bassin méditerranéen (Petrucci et al., 2019). Comme souligné dans les projets de recherche précédents (Merz et al., 2014 ; Meyer et al., 2013), il est nécessaire d’intégrer les scénarios de changement climatique aux scénarios de changement socio-économique pour mieux quantifier les changements dans le risque d’inondation. Pour y parvenir, il est nécessaire de développer des bases de données sur la vulnérabilité et l’exposition à analyser en conjonction avec les données hydrométéorologiques (Saint-Martin et al., 2018).

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Agrégé d'histoire, Professeur de Chaire Supérieure en économie et en géopolitique, intervenant àBordeaux III et comme formateur à l'agrégation d'économie à Rennes Aujourd'hui retraité
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8 Responses to Inondations: pour les scientifiques, elles n’augmentent pas mais elles sont plus médiatisées et aggravées par l’urbanisation . Le changement climatique est une foutaise

  1. Avatar de wildlyprincess98c56e44d0 wildlyprincess98c56e44d0 dit :

    A force de bétonner a tout va c est logique que les inondations soient favorisées….

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    • Avatar de Robert Moreau Robert Moreau dit :

      Tout à fait, je confirme à 100% ! J’ai été pompier volontaire pendant plus de 25 ans, et les inondations dans lesquelles je suis intervenu concernent les zones habitées, surtout celles qui ont été construites dans les lits majeurs des rivières, avec quelques gros billets glissés par certains promoteurs immobiliers plus qu’indélicats à des maires tout aussi indélicats qui ont accepté ces situations de corruption. Beaucoup de malheurs ont frappé des gens qui ont tout perdu, quand ils n’ont pas perdu la vie ; et ce, à cause de la cupidité de gros bonnets criminels qui se foutent royalement de la vie des citoyens dits « ordinaires » que nous sommes. Voilà où est le véritable crime originel : l’appât du gain ! Et cette nouvelle politique quasi totalitaire de la nouvelle « écologie » ne résoudra pas le problème avec par exemple les ZFE ; c’est juste du business ! In gold we trust !

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      • Avatar de lepiaf18 lepiaf18 dit :

        Bon en même temps faut être sacrément idiot pour construire ou habiter dans ces zones.
        Décidément l’humain a la mémoire courte; sans grands travaux d’aménagements (qui coûtent donc fort cher à la base, mais permettent d’économiser après) ce genre de phénomènes, comme tant d’autres s reproduit périodiquement.
        On parle de crues décennales, trentenaires, cinquantenaires voire centenaires, c’est sans doute pas pour rien.
        Il y a aussi le manque d’entretien, du fossé au littoral (trait de côte)…

        En résumé ça fait plus de 50 ans que rien n’est fait et que ce qui est fait l’est fait à tort et à travers. Tôt ou tard dans ces conditions la nature reprend ses droits.

        Bon, une pique supplémentaire dans le jardin de nos écolos adeptes du « réchauffement climatique; qu’ils s’estiment heureux, finalement, l’eau arrive encore à s’écouler jusqu’à la mer; signe que le niveau des océans ne monte peut-être pas encore tant que ça, non ?
        Et si ceux qui sont censés gérer l’eau étaient moins kons, ils s’arrangeraient pour la stocker cette eau douce qui part à la mer… Ne sait-on plu construire de « réservoir » à notre époque ?

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  2. Avatar de elba jovialedbba43735 dit :

    Personnellement, je crois que peut-être il y a une modification du climat : la terre a toujours subi des changements progressifs. Mais je sais aussi que l’on nous sert du catastrophisme à chaque instant (c’est voulu pour nous faire peur) et que l’utilisation du sol a changé au fil du temps : les haies ont progressivement disparu avec le remembrement, au profit de surfaces agricoles plus grandes, et ceci fait peut-être que l’eau ruisselle plus. Le « bétonnage » également est à mon avis responsable en partie du ruissellement.

    Que dire aussi de l’ensemencement des nuages ?

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    • Avatar de schmittjclapostenet schmittjclapostenet dit :

      tout part à mon avis du remembrement des terres dans les années 60 et la mécanisation avec de gros tracteurs et l’endettement de nos agriculteurs .

      Nos dirigeants ont beau hypocritement d’etre étonnés de parler de changement climatique ils en sont responsables en ayant supprimé les haies artificialiser les sols supprimer les petites exploitations en faisant miroiter des jours meilleurs à nos paysans en les laissant aujourd’hui dans la panade.

      La monoculture est aussi responsable de cet état de fait à voir la plaine d’ALSACE pleine de culture du mais .

      Je ne stigmatise pas les agriculteurs mais c’est un fait il faut revenir à une agriculture paysanne avec de petites exploitations et des cultures différençiées .

      Sans compter qu’il faut aussi arreter les constructions en zone inondable .

      C’est avec le bon sens paysan qu’on peut etre raisonnable .

      La NATURE a horreur du vide .

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    • Avatar de lepiaf18 lepiaf18 dit :

      Les variations du climat ont toujours existé !
      Personne n’est en vérité capable de donner les limites de ces changements au fil du temps pour la simple et bonne raison qu’on n’a pas de données fiables sur d’aussi longues périodes.
      Que peuvent signifier des relevés sur 150 ans et les « moyennes » qui en sont déduites.

      Le Giec en particulier ne dresse que des « modèles » basés sur des hypothèses erronées. On voit bien en particulier depuis 30 ans qu’aucun n’est réaliste. le but est donc… ailleurs !

      L’ensemencement des nuages c’est autre chose. Le but est de déclencher des précipitation sur des terres mal « arrosées » périodiquement.
      Si ce but peut être louable, il faut bien se garder de généraliser, les scientifiques ne maîtrisant pas totalement le phénomène induit. Quelques degrés de moins dans le nuage et il pleut.. de la grêle, et du coup, aie aie aie les cultures en dessous !

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    • Avatar de lepiaf18 lepiaf18 dit :

      Les variations du climat ont toujours existé !
      Personne n’est en vérité capable de donner les limites de ces changements au fil du temps pour la simple et bonne raison qu’on n’a pas de données fiables sur d’aussi longues périodes.
      Que peuvent signifier des relevés sur 150 ans et les « moyennes » qui en sont déduites.

      Le Giec en particulier ne dresse que des « modèles » basés sur des hypothèses erronées. On voit bien en particulier depuis 30 ans qu’aucun n’est réaliste. le but est donc… ailleurs !

      L’ensemencement des nuages c’est autre chose. Le but est de déclencher des précipitation sur des terres mal « arrosées » périodiquement.
      Si ce but peut être louable, il faut bien se garder de généraliser, les scientifiques ne maîtrisant pas totalement le phénomène induit. Quelques degrés de moins dans le nuage et il pleut.. de la grêle, et du coup, aie aie aie les cultures en dessous !

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  3. Avatar de dannas dannas dit :

    Avant on avait la sagesse de ne pas construire en zone inondable. La bétonisation des sols accentue aussi le ruissellement. Enfin la pression demographique s’est accentuée avec plus de gens qui font construire leur maison. Les causes on les connait et ce n’est certainement pas un rechauffement climatique supposé.

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