Beaucoup me découvriront sous un angle bien différent, celui du fils de paysan et fier de l’être. J’avais promis à ma mère de raconter sa vie, de donner ses meilleures recettes. Je ne pouvais remplir ma promesse qu’en mélangeant mes souvenirs aux siens.
Ma génération est la dernière à avoir connu une civilisation disparue. Lorsque que je décris la maison familiale à la naissance de maman, il me suffit de me rappeler mon enfance car rien n’avait encore changé, je prenais le même sentier perdu dans les bois pour me rendre à l’école de La Chapelle Aubareil.
Au milieu des années soixante la télévision fait son apparition à Fougeras. Le soir, la famille regarde le Palmarès des chansons mais maman n’a pas le temps, dit-elle, elle part gaver ses canards.
Je la suis souvent dans la nuit noire. Elle fait chauffer une marmite de maïs, mélange de la graisse, remplit une bassine et nous nous rendons dans l’étable où sont enfermés les oies et les canards. Une faible ampoule nous éclaire et nous réchauffe. Maman prend l’entonnoir et s’agenouille dans la paille et commence à gaver…
Là elle me raconte son histoire, son enfance. Elle sait tant de choses. Elle me fait partager son ambition, ne plus manquer d’argent, réussir à sortir de sa condition de paysanne. Je ne m’en rendais pas compte alors mais elle n’avait que trente ans, elle était jeune et croyait au travail pour s’en sortir.
Depuis la ruralité est morte avec les derniers paysans . Quelques agriculteurs tentent encore de survivre dans un monde qui ne les comprend plus.
C’est cette vie que je raconte avec des recettes du terroir et je n’ai pu m’en empêcher, de l’histoire , celle de la gastronomie, de Montaigne qui mangeait comme un Anglais, à l’âge d’or du XXème siècle.
Je ne pouvais qu’associer à cet ouvrage une autre femme d’exception, Nanou Delpeuch, conteuse et cuisinière (Les Saveurs du Palais).
La bonne cuisine, c’est le souvenir » disait Georges Simenon ,c’est le lieu de passage de l’Histoire publique, la « grande histoire », à l’histoire privée, individuelle.
« La cuisine est en effet un souvenir et une perpétuation des bonnes choses, à la frontière entre la représentation sociale et la mémoire privée, familiale, intime des individus. Dans une communauté mémorielle nationale toujours en redéfinition, dont les frontières et les contenus font l’objet de débats politiques et intellectuels très vifs depuis les années 1990, la gastronomie est quant à elle toujours rattachée à une mémoire heureuse dans l’imaginaire national. Si l’attachement à la Nation, c’est la capacité d’oublier les mauvais souvenirs selon l’idée chère à Ernest Renan, la cuisine ne nécessite même pas cet effort. En tant que patrimoine, elle constitue la mémoire vivante de la nation, une mémoire routinisée, légère et synonyme de convivialité. »
( Le goût des nôtres : gastronomie et sentiment national en France Vincent Martigny) https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2010-1-page-39.htm
Que reste-t-il de ce roman régional et national entre le burger, le kebab du quotidien et le « buddha Bowl healthy avec des falafels & des petits légumes » des cartes des grands hôtels ?
Un jour sans doute le gavage sera-t-il interdit pour cruauté animale et le Périgord produira de la spiruline, cette bactérie bleuâtre destinée à remplacer la viande pour nourrir l’humanité.
Ce jour-là il n’y aura plus personne pour comprendre ce petit livre à la gloire de la cuisine paysanne et les recettes qu’il contient…
Le livre peut être commandé chez votre libraire avec les références suivantes
Catalogue Dilicom : distribution Sodis , éditeur BOD EAN9791095867166
Le livre est disponible chez Amazon
Et chez Bod
On le trouvera à Montignac chez Liénard
Ping : SI ON PARLAIT D ‘AUTRE CHOSE, du monde d’avant … – Qui m'aime me suive…
Bonsoir Patrice Gibertie .
C’est un beau partage , un air de campagne comme j’aime , et puis quels beaux souvenirs .
Très bonne soirée .
Chris .
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Nous étions ensemble 39 rue Paul Mazy
Ton visage m’est un peu flou, ravie de te retrouver ici. Bravo pour ton parcours.
Tu as fait mentir le professeur aux chaussettes rouges: Jean Emmanuel Bonnichon
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Bonjour Joelle mon courriel giberpa@yahoo.fr
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merci ! Nous venons d’acheter une petite maison en Périgord pour nous sauver de ce monde devenu fou et cultiver avec d’autres la Vie et l’Amitié.
je vais acheter votre livre pour moi et pour l’offrir, je vais chercher si votre libraire livre en Irlande, sinon je trouverai bien un autre qui n’est pas un grand groupe !
Merci encore pour ce doux moment.
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Merci pour ce partage qui fait un bien fou en ces temps ô combien incertains
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Bonsoir Patrice,
Très heureux que vous nous ayez fait partager un peu de votre enfance et de vos racines.
Quand comme vous (et moi..) on a eu une enfance et(ou) une vie au contact de la terre, du réel, du concret, du travail courageux et opiniâtre même si on devient un intellectuel ou un scientifique (pas un scientiste), on ne perd pas son solide bon sens.
C’est cette perte du concret et l’omniprésence du virtuel pour les jeunes et les jeunes adultes qui aboutit à cette sinistre mascarade que nous vivons (difficilement) que nous refusons et combattons.
Merci pour cette bouffée d’air frais et vos analyses pointues et combatives que je découvre chaque jour et qui nous aide à espérer.
Amicalement
Eric
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J’habite depuis une trentaine d’année le village d’en face de la vallée et mes anciens voisins étaient de ces gens là. Heureux de te savoir originaire du Périgord qui demeure une terre de résistant.
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Né à Paris dans le ménilmuche d’une cité HLM, je n’ai pas vécu, hormis en touriste, les bonheurs que vous nous décrivez (même si ce n’était pas le bonheur pour les oies et les canards 🙂 ). Pris dans la tourmente professionnelle, je n’ai rien vu !
Il aura fallu que j’attende un âge avancé pour que j’aille m’enterrer à la campagne pour y découvrir les simples saveurs de la Nature à laquelle je ne comprends pas grand chose mais dont j’ai un infini respect car elle est la mère génitrice de toute chose.
Je redécouvre les insectes, et leurs prédateurs que j’avais omis de voir dans le monde aseptisé, j’ouvre à nouveau les yeux sur le ciel et les oiseaux, le temps qu’il fait et accepte de m’y soumettre, je réinvente le monde loin du seul prisme que j’avais connu dans les réseaux urbains bétonnés. Purée, que c’est beau.
Il a raison le Gibertie, la cuisine est une entrée triomphale dans le monde d’avant et tout simplement dans le vrai monde sans fard.
Allez, tiens, je vais me reprendre une petite tranche de foie gras du Gers.
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La Chapelle-Aubareil … un souvenir inoubliable d’un repas de Noël dans les années 80
C’était dans une ferme auberge (la table du terroir, je crois me souvenir)
Bourguignons, nous n’avons jamais aussi bien mangé depuis ce fameux repas pantagruélique Nous y sommes retournés l’été suivant en prenant une nuit dans une chambre rustique aménagée dans les dépendances
Nos filles ( 45 et 50 ans s’en souviennent encore )
Je vais acheter votre livre pour sûr !!!
Gaby
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CHEZ MES PARENTS;;;
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Avec des origines « les pieds dans la terre » et des parents comme les vôtres, vous ne pouviez devenir qu’une belle personne !!!
Félicitations pour votre blog qui m’aide à garder la tête hors de l’eau dans ce monde qui je ne reconnais et que je n’aime plus
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J habite votre billet et j habite pas loin du Périgord, dans le Quercy… C’est tout comme et votre mère me fait penser à la mienne mais surtout à la mère de la mienne qui était elle du Périgord ! Pour moi, la cuisine c est tout à la fois la convivialité, la vie sociale, le partage, la culture, le repos, la détente, la famille, beaucoup de souvenirs , la tradition mais aussi de la rigueur et surtout le lien entre l’agriculteur, l’homme chasseur pêcheur cueilleur et la société! Toute une histoire, toute l’histoire de chacun ou peut être même l Histoire de tous?
Votre message fait envie ! J’achète et je partage!
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