

L’objectif du projet ARMAGUEDON est de combler le manque de connaissances sur le rat brun en ville. Pour cela, nous proposons une nouvelle approche combinant écologie urbaine, génomique, parasitologie, microbiologie et perception sociale afin d’étudier les populations de rat brun dans la ville de Paris, d’identifier les pathogènes et les vecteurs que le rat peut porter et d’évaluer l’impact que les pathogènes associés au rat pourraient avoir sur la santé publique. Notre objectif final est d’offrir de nouvelles connaissances biologiques, comportementales et historiques ainsi que des solutions pratiques pour améliorer la gestion des populations de rat dans les villes. La collaboration interdisciplinaire entre scientifiques et administrateurs urbains structurera un programme intégré de gestion des rats, développant ainsi de nouvelles options pour le contrôle des populations de rats et pour une meilleure perception sociale du rat dans la société.
RS2GP Rongeurs Sauvages, Risques Sanitaires et Gestion des Populations
IP Institut Pasteur – Unité de Recherche et d’Expertise Environnement et risques infectieux
MNHN- ISYEB Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité
GRIPIC Groupe de recherche interdisciplinaire sur les processus d’information et de communication
Aide de l’ANR 376 768 euros
Début et durée du projet scientifique : février 2021 –
Il existe bien un projet financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) appelé ARMAGUEDON (lancé en 2021, durée environ 4 ans), qui étudie les rats bruns à Paris de manière interdisciplinaire : écologie urbaine, génomique, épidémiologie, et aussi un volet social sur les perceptions et préjugés des Parisiens envers les rats.
L’objectif global est une meilleure gestion des populations de rats en ville (contrôle plus efficace, réduction des risques sanitaires comme les zoonoses), et un des sous-objectifs est d‘améliorer la cohabitation en comprenant pourquoi les rats sont si détestés et en travaillant sur une « meilleure perception sociale du rat ». Des enquêtes auprès des habitants ont été menées pour identifier les préjugés, et il y a des analyses de représentations dans la littérature jeunesse ou les BD (où les rats sont parfois montrés de manière plus réaliste ou positive).
Lors de ce Conseil de Paris, la droite parisienne a encore sévi sur le sujet des rats. Geoffroy Boulard, Maire du 17ème arrondissement et membre du groupe Changer Paris, bien connu pour agiter la prétendue inaction de la Mairie de Paris pour limiter les populations de rats (alors que des pièges sont disposés dans tout Paris), a déposé un vœu remettant en question le projet de recherche “Armaguedon”. Cette étude, menée par le Muséum d’Histoire Naturelle, l’Institut Pasteur, Vetagro Sup et Sorbonne Université en collaboration avec la Ville de Paris, se donne plusieurs objectifs dont l’un d’entre eux est de “lutter contre les préjugés pour aider les Parisiens à mieux cohabiter avec les rats”.
Considérant les rumeurs farfelues colportées sur les rats (nombre de rats à Paris, risque sanitaire extrêmement élevé voire majeur…), cet objectif n’a rien de loufoque. Les rats sont présents à Paris, comme dans toutes les grandes villes de France, la question de la cohabitation se pose donc nécessairement. Chez PAZ, quand nous parlons de “cohabitation pacifique” avec les rats, cela ne signifie pas vivre avec eux dans nos maisons et nos appartements, mais faire en sorte que ces animaux ne souffrent pas ET que nous ne soyons pas dérangés. Encore une fois, c’est un objectif très raisonnable !
Pour justifier son vœu, Geoffroy Boulard, rappelle le communiqué alarmiste de l’Académie de médecine sur les rats : il est temps de jeter ce communiqué à la poubelle. PAZ y a répondu il y a plusieurs mois : le texte est un condensé d’approximations non sourcées ou avec des sources qui n’ont pas de rapport avec le propos. On ne mène pas des politiques publiques en attisant des peurs irrationnelles loin de toute rigueur scientifique comme le fait l’Académie de médecine, mais en s’intéressant et en soutenant des recherches sérieuses comme le projet “Armaguedon” ou des études internationales telles que celles évoquées dans le documentaire d’ARTE diffusé en février 2023.
. L’Institut Pasteur n’est pas impliqué dans la partie “préjugés” ou “image sympathique”, qui relève plutôt du GRIPIC Celsa Sorbonne
présentation de Virginie Sauvage (Institut Pasteur, Paris) lors des JSRAT2025 (6 février 2025) portait précisément sur le bilan des agents pathogènes détectés chez le rat brun (Rattus norvegicus) dans plusieurs grandes villes de France métropolitaine.Bien que les résultats détaillés complets du projet ARMAGUEDON (et de cette partie épidémiologique) ne soient pas encore pleinement publiés au public fin 2025 (les analyses et publications scientifiques sont en cours, comme indiqué dans les chroniques post-conférence du MNHN), voici ce qui est connu ou transparaît des travaux associés de l’Institut Pasteur et d’études similaires sur les rats urbains en France :Agents pathogènes fréquemment détectésLes rats bruns urbains en France portent régulièrement divers pathogènes, bactériens, viraux et parasitaires. Les principaux identifiés dans des études récentes (incluant des collaborations Pasteur sur Paris et d’autres villes) incluent :
- Bactéries :
- Leptospira spp. (responsables de la leptospirose) : Le rat est le principal réservoir urbain. La souche Icterohaemorrhagiae est particulièrement virulente. Présente dans l’urine des rats, elle contamine l’eau et les sols humides. Risque zoonotique réel mais limité (quelques centaines de cas humains/an en France, surtout chez les professionnels exposés comme les égoutiers).
- Francisella tularensis (tularémie).
- Autres : Escherichia coli pathogènes, Staphylococcus aureus, Campylobacter, Yersinia, Clostridium difficile, et des bactéries résistantes aux antibiotiques (sentinelles d’antibiorésistance environnementale).
- Virus :
- Hantavirus (notamment Seoul virus, ubiquiste via le rat brun) : Cas humains rares en Europe mais sous-estimés (quelques dizaines détectés en France depuis 2012, souvent liés à des rats sauvages ou d’élevage).
- Autres virus potentiels en surveillance, mais moins fréquents en contexte urbain français.
- Parasites :
- Vers (ex. : Hymenolepis diminuta, responsable de teniasis/hyménolépiase).
- Protozoaires et autres helminthes.
- Dans une étude antérieure (2017, parc francilien, collaboration Inra/VetAgro Sup/Pasteur) : jusqu’à 7-16 genres parasitaires différents, avec 88 % des rats portant au moins deux parasites.