Effets indésirables des vaccins anti-Covid: la construction d’un tabou politico-médiatique Laurent Mucchielli

Laurent Mucchielli décrit le déni systématique de la part des autorités politiques, médicales et médiatiques en France, au point de devenir un tabou. Il retrace une chronologie :

  • Une phase initiale d’incertitudes en 2021, avec l’« affaire AstraZeneca » (thromboses) que le gouvernement aurait minimisée pour promouvoir les vaccins à ARNm (Pfizer, Moderna).
  • À partir de l’été 2021, avec l’instauration du passe sanitaire et l’obligation vaccinale pour certains, tout débat critique disparaît au profit d’un discours unique exaltant la sûreté et l’efficacité des vaccins ARNm, tout en diabolisant les opposants comme « anti-vax ».

« Le vaccin est sûr. Les effets indésirables graves sont extrêmement rares. On nous dit, d’après
les premières remontées, mais qui sont consolidées jour après jour, de l’ordre d’environ 1
patient pour 100 000 vaccinés » Véran dec 2020

C’était un mensonge, sauf à penser que les conseillers directs du ministre (de formation médicale
comme le ministre lui-même) ne lisent pas les revues de sciences biomédicales et sont par
conséquent incompétents. En effet, dans l’essai clinique de Pfizer publié le 10 décembre 2020,« la fréquence de tout événement systémique sévère après la première dose était de 0,9% » et que « des
événements systémiques sévères ont été rapportés chez moins de 2 % des sujets vaccinés après
l’une ou l’autre dose » (Polack et al., 2020, 210). En passant de 2 pour 100 à 1 pour 100 000,
le ministre a donc divisé la réalité connue à l’époque par deux mille…

Durant la seconde moitié de l’année 2021, à l’issue d’une active propagande imposant la
vaccination anti-Covid en la présentant comme « une prouesse scientifique » en même temps
qu’un acte fondamentalement « altruiste », et diabolisant en retour les « anti-vax », la
question des effets indésirables est donc devenue un tabou. La journaliste Christine Kelly
(Europe 1, CNews) le reconnaîtra sans détour dans une interview du 22 septembre 2024. En
réponse à la question « Vous pouvez aborder tous les sujets que vous voulez ? », elle
répondit : « Presque, les vaccins non. Ce n’est pas une question de CNews, c’est un sujet délicat,
particulièrement sensible. Je vous dis la vérité, ce sujet-là il est très très difficile de l’aborder »

Concernant les vaccins anti-Covid, il faut y insister une dernière fois tant la chose est
importante : les grands « experts » choisis par le politique, dont la parole a été omniprésente
dans le débat public durant la crise du Covid, n’y ont pas diffusé un compte rendu honnête et
impartial des connaissances scientifiques. Evoquons celui de l’infectiologue Karine Lacombe, figure féminine dominante dans les médias tout au long de la
crise du Covid (et qui sera faite Chevalier de la Légion d’honneur en décembre 2020).

Du point de vue scientifique, nous savons au moins depuis octobre 2020 que les
vaccins anti-Covid à ARNm et à adénovirus n’ont pas été conçus pour empêcher la
transmission et que les essais cliniques n’ont pas été conçus pour le tester (Doschi, 2020). En
France, la HAS l’avait également dit dans ses premiers avis de février 2021. Et la représentante
de Pfizer (Janine Small, « présidente des marchés internationaux développés ») le reconnaîtra
du reste sans difficulté l’année suivante lors d’un débat organisé au Parlement européen
Cela n’empêchait pourtant pas Karine Lacombe de déclarer le contraire le 6 mai 2021 sur BFM
TV, pour justifier l’extension de la vaccination à toute la population : « On sait maintenant que
les vaccins préviennent la transmission du virus. (…) donc ça va vraiment permettre de couper
la chaîne de transmission du virus. Donc dans ce cadre-là, il faut qu’on change de paradigme.
C’est-à-dire qu’on ne va pas simplement protéger les plus faibles, mais on va protéger même
ceux qui sont les plus vecteurs de la transmission, et en particulier les adolescents ».

« On attendait les résultats des essais thérapeutiques qui ont été publiés et qui montrent une efficacité et une très bonne tolérance. Et donc bien sûr il falloir ouvrir dès 12 ans la vaccination. (…) si possible dès cet été ».
Dans ce rapport sur l’essai clinique de Pfizer sur les
adolescents
, outre donc le fait qu’il n’est pas question de mesurer la transmission, on constate
en effet que les EI légers survenant dans les 7 jours après la première dose sont présents chez
86,6% des vaccinés contre 24% des non-vaccinés, que les EI systémiques survenant dans les 7
jours après la deuxième dose sont présents chez 82,4% versus 40,7% chez les non-vaccinés,
que 4 EI graves nécessitant une hospitalisation (soit 0,2% des 2 200 participants) sont survenus
dans le groupe des vaccinés contre aucun (une appendicite difficilement attribuable au vaccin
et résolue très rapidement) dans le groupe placebo (FDA, 2021, p. 24-30). En toute rigueur,
ceci ne permet pas d’affirmer que ce vaccin présentait « une très bonne tolérance » et qu’il
devait donc être administré d’urgence à la totalité des adolescents.
Un mois plus tard, les premiers cas de myocardites suite à l’injection du vaccin de Pfizer seront
décrits dans la littérature médicale (Tano et al., 2021 ; Singh et al., 2021), prélude à une longue
série de publications scientifiques

  1. Le contrôle de l‘information, ou encore le confinement de la pensée, est devenu presque
    parfait . Résultat : le 3 octobre 2023, le récemment nommé ministre de la
    Santé, Aurélien Rousseau, était interviewé sur la radio publique nationale France Inter au sujet
    d’une « nouvelle vague de Covid ». Il y énonça d’abord la prémisse fondamentale de
    l’idéologie vaccinale que traduit l’emploi du singulier : « La vaccination c’est la prévention et
    c’est le progrès tout de suite ». Puis il ajouta à propos des vaccins anti-Covid (dont une nouvelle
    campagne de distribution commençait à l’approche de l’hiver), et sans que cela n’émeuve le
    moins du monde les journalistes l’interviewant : « on a un vaccin, dont maintenant on a 3 ans
    de recul, on sait qu’on n’a pas d’effets secondaires, et donc il faut y aller ». La messe était dite
    (au propre comme au figuré), le sujet n’existerait tout simplement pas.
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Agrégé d'histoire, Professeur de Chaire Supérieure en économie et en géopolitique, intervenant àBordeaux III et comme formateur à l'agrégation d'économie à Rennes Aujourd'hui retraité
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2 Responses to Effets indésirables des vaccins anti-Covid: la construction d’un tabou politico-médiatique Laurent Mucchielli

  1. Avatar de Fémina Fémina dit :

    Tous ces bons conseilleurs méritent la peine capitale qu’ils ont infligée à pas mal de nous (sauf moi, surtout pas de piquouse ! ) J’espère seulement qu’il reste encore parmi nous des personnes censées qui refuseront à l’avenir tous « vax » quel qu’il soit.

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  2. Avatar de practicallyc66ef89cd9 practicallyc66ef89cd9 dit :

    Encore un article très complet de Laurent Mucchielli auquel je souscris entièrement. Trop de mensonges durant la Covid, ni oubli ni pardon.

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