1°C en plus depuis 150 ans, la fonte des glaciers fait le bonheur des archéologues qui redécouvrent les vestiges des périodes anciennes plus chaudes

 On sait que la moyenne des températures a augmenté d’environ 1 degré centigrade au cours des 150 dernières années – un peu plus dans certaines régions, un peu moins dans d’autres.

La disparition des glaciers fait apparaitre des vestiges qui montrent qu’autrefois il n’y avait pas de glace sur le site du glacier d’aujourd’hui. Autrefois veut dire principalement la période romaine et la première période capétienne. Sous la glace, la vie humaine. Le recul des glaciers est une véritable aubaine pour les archéologues. La glace a en effet conservé à l’abri de l’air les squelettes, les vêtements, les chaussures, les outils, ou encore les armes des soldats, des commerçants, des religieux qui résidaient ou qui passaient par là. L’archéologie glaciaire est ainsi devenue une branche de l’archéologie. Elle a son musée, à Sion, dans le Valais. Des centaines d’objets y sont présentés, qui ont été ensevelis sous la glace pendant des siècles, et que le recul des glaciers a récemment mis à jour.

Les premières traces de civilisation humaine en Valais sont attribuées par les archéologues au Préboréal (abri sous roche de Vionnaz, datant d’environ 7’500 à 8’500 av. J.-C) (fig. 1). Les abris de haute altitude, comme l’abri sous roche découvert au-dessus de Zermatt à 2600 m d’altitude, ont permis de découvrir que la colonisation de la vallée du Rhône ne s’est pas faite seulement par le bassin lémanique, mais également par les cols. Les plus célèbres sont le Col d’Hérens, entre le Val d’Hérens et le Mattertal, le Col du Théodule, menant de Zermatt à Cervinia, le Col Collon, permettant de relier le Val d’Hérens au Val d’Aoste, et la Fenêtre-de-Durand, qui reliait le haut Val de Bagnes à la Valpelline (Val d’Aoste). La praticabilité des cols pendant l’Holocène était liée à l’état de retrait des différents glaciers.

Le mois de septembre 1991 a vu une importante découverte en ce sens : pendant une excursion dans la région du Similaun, au Tyrol du Sud (Italie), deux touristes allemands découvrent le corps momifié d’un homme à moitié emprisonné dans la glace à côté du Hauslabjoch, à une altitude supérieure à 3200 m. On découvrira par la suite que l’homme, surnommé Ötzi, avait vécu à la fin du Néolithique, pendant l’âge du Bronze. Des datations effectuées au carbone 14 par accélération de masse attribuent à la momie un âge de 4550 ± 20 14C BP (= 5320-5270 / 5190-5060 cal BP) (fig. 2), qui s’inscrit dans l’épisode chaud 4, le plus long de l’Holocène (cf. fiche glaciers 4.5). A cette époque-là, le col du Hauslabjoch devait donc être praticable.

https://www.climato-realistes.fr/ce-que-la-fonte-des-glaciers-alpins-nous-dit-du-climat/

La signification climatique de ces trouvailles est importante. Reprenons l’idée de bon sens que la longueur des glaciers est une fonction de la température. Cela veut dire que la température de la planète (ou en tous cas des Alpes) a été sous Jules César proche ou plus élevée encore que celle dont nous jouissons aujourd’hui. Que la planète a ensuite souffert d’un refroidissement marqué. Avant de connaître sous Philippe Auguste un net réchauffement. Puis d’être frappée par un refroidissement certain (connu sous le nom de « petit âge glaciaire ») jusqu’au milieu du 19ème siècle. Suivi ensuite par le réchauffement que nous vivons.

Ce scénario dicté par ce que nous montrent les reculs actuels des glaciers alpins porte un coup sérieux à la théorie de la responsabilité dominante des rejets de CO2 par l’homme (on dit : anthropiques, ça fait plus chic) dans le réchauffement en cours. On ne voit pas comment et pourquoi les rejets de CO2 aurait beaucoup augmenté sous l’empire romain, ou à la fin du moyen-âge, époques où les voyages en avion et les centrales au charbon étaient rares. On en conclut que les réchauffements de ces périodes doivent bien avoir d’autres causes que les rejets anthropiques de CO2 – autres causes qui pourraient peut-être expliquer aussi le réchauffement que nous subissons. Et corollairement que nos rejets de CO2 ne sont pas coupables de tous les maux dont on les accuse.

La fonte des glaces et des fouilles à haute altitude révèlent les secrets des Vikings en Norvège

En quête de compréhension, les membres de l’équipe se sont aventurés à travers et au-delà du col de Lendbreen, qui, au fil des années, a révélé des vêtements, des articles ménagers, des traîneaux et des restes d’animaux, entre autres artefacts. Les anciens cairns, qui marquaient un sentier descendant à flanc de montagne depuis le col, figuraient dans la légende populaire : la tradition du XVIIIe siècle parlait de colonies beaucoup plus anciennes sur ce flanc de colline, de maisons antérieures aux archives historiques disponibles il y a même 300 ans. Grâce à des recherches persistantes, la percée a été réalisée. Traversant des buissons denses, l’équipedécouvert plusieurs fondations en pierre qui soutenaient autrefois des habitations en bois il y a plusieurs siècles. La datation au radiocarbone a placé ces maisons entre 750 et 1150 de notre ère. 

Lars Pilø est un archéologue glaciaire qui dirige le projet Secrets of the Ice, une coopération entre le conseil du comté d’Innlandet et l’université d’Oslo. S’adressant à GlacierHub, Lars a souligné que l’on sait encore peu de choses sur la façon dont les Vikings utilisaient ces cols de haute montagne et si leur objectif principal était l’élevage du bétail, les voyages ou le commerce. « Les artefacts fondant à partir de la glace glaciaire constituent une nouvelle source de données très importante pour faire la lumière sur ces questions. Ils montrent que les hautes montagnes du sud de la Norvège n’étaient pas des zones isolées, dépourvues de contacts extérieurs

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Agrégé d'histoire, Professeur de Chaire Supérieure en économie et en géopolitique, intervenant àBordeaux III et comme formateur à l'agrégation d'économie à Rennes Aujourd'hui retraité
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2 Responses to 1°C en plus depuis 150 ans, la fonte des glaciers fait le bonheur des archéologues qui redécouvrent les vestiges des périodes anciennes plus chaudes

  1. Avatar de Michel C Michel C dit :

    Je voudrais rappeler les souches de troncs d’arbres, de l’ordre du mètre, trouvées dans la moraine du glacier d’Aletsch, vers 2200 m d’altitude, là ou RIEN ne pousse actuellement. Il y avait des forêts, ce qui signifie qu’il a fait plus chaud qu’actuellement, pendant des centaines d’années.

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  2. Avatar de Jean Senrais Jean Senrais dit :

    Absolument passionnant !

    Ceci nous restitue une vision cohérente de l’évolution permanente du climat : qui oserait croire qu’au regard des forces dynamiques colossales qui génèrent les variations climatiques, on ordonnerait aujourd’hui à la Terre de se figer, juste pour nous plaire ?

    Me vient une idée à l’esprit : serait-il possible de mettre en corrélation les variations de T° avec celles des pluies durant les derniers 20 siècles en Europe ou au Monde, par zones géographiques précises, par tranche de 250 mille km² (par ½ de France) ?

    Et, par exemple, constater ou admettre que si les glaciers alpins ont effectivement régressé ces 50 dernières années, ce ne fut guère par une hausse des T° (justement discutée) mais par une raréfaction des précipitations (de neige) sur les Alpes.

    En effet, une simple modification de la course des vents froids d’hiver aurait pu occasionner une baisse de précipitations en altitude. Ainsi, moins de neige durant plusieurs hivers occasionne en été une perte significative de l’épaisseur des glaciers, donc leur retrait …

    Pendant ce temps, l’étude du climat demeure une énigme encore irrésolue. Certainement, par la dynamique conjuée de multiples énergies … colossales (non anthropiques).

    Et c’est absolument passionnant !

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