ECONOMIE / GRECE :LE PIRE A ETE DECIDE

6a00d8341d417153ef016305aa4c24970d-800wiECONOMIE / GRECE :LE CHOIX DU PIRE

L’accord passé entre le gouvernement TSIPRAS et ses créanciers européens apparait dès à présent comme stupide et dangereux, reconnaissons au FMI le mérite de souligner qu’il n’est pas viable.
1) La question n’est pas de savoir si la Grèce remboursera ou pas, respectera ou non les engagements .La réponse est connue, elle n’aura pas les moyens de rembourser et une crise prochaine aura lieu.
La démonstration nous vient du FMI , avec deux années de PIB à rembourser, la Grèce sera écrasée par les mensualités. Seule une réduction de la dette aurait été crédible mais malheureusement la Grèce est un pays d’Europe qui a emprunté au MES et aux Etats européens et les traités européens interdisent une restructuration .L’Allemagne a fait remarquer ce détail. Si la Grèce était un pays en développement le Fmi aurait accompagné la restructuration.
Les mesures d’austérité décidées accentueront la crise , les déficits publics et les difficultés.La situation de la Grèce est due pour partie aux précédentes mesures de rigueur. Qui se souvient qu’en 2008 les déficits et la dette des administrations publiques étaient à peine supérieurs à ceux de la vertueuse Allemagne. Mais dans les années qui suivirent l’Etat allemand put emprunter à 2% et l’Etat grec à… 20%. .Il aurait été si simple de sauver la Grèce en lui permettant de se financer à des taux d’intérêt supportables. Ah si la BCE avait pu jouer un rôle comparable à celui de la FED ou de la Banque d’Angleterre dans le financement des déficits publics ? Le pire a été évité grâce à l’action de Mario DRAGHI depuis 2012 et les Etats en Europe ont enfin pu bénéficier d’une baisse forte des taux d’intérêt. Mais pour la Grèce le mal était fait, même si elle peut emprunter au Mes à moins de 5% elle ne remboursera jamais avec une croissance nulle.
La politique d’austérité imposée à la Grèce était trop violente pour réussir et cinq ans après le début de cette politique ,la dette publique a augmenté de 50% et la richesse nationale a diminué de 26%. Continuer et accentuer cette politique est criminel : le seul secteur dynamique ,le tourisme n’y résistera pas. C’est lui qui subira l’augmentation de la tva dans les transports vers les iles et dans la restauration.
On parle d’une dette à rembourser sur trente ans ! Que l’on se souvienne des réparations de guerre imposées à l’Allemagne en 1919 !
Que l’on se souvienne des politiques d’austérités subies par l’Allemagne en 1931 /32 !
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2) Des solutions crédibles existaient, elles ont été écartées.
La première consistait à prendre enfin acte que les fondamentaux grecs ne lui permettent pas de se maintenir dans la zone Euro. Quand reconnaitra-t-on enfin que donner la même monnaie à des pays si différents ne peut fonctionner. C’est ce qu’ont affirmé depuis 1992 TOUS LES NOBELS D’ ECONOMIE de Friedman à STIGLITZ ou Krugman. Le FMI a dû gérer les défauts de paiements de plusieurs pays, les réformes structurelles ont pour réussir été accompagnées d’une restructuration de la dette et d’une dévaluation.
Bien menée un « grexit » pouvait réussir mais il fallait un contrôle du FMI, un réalisme des Européens pour renoncer à une partie de la dette, un gouvernement grec responsable pour mener à bien les réformes structurelles et éviter la panique. La Grèce bénéficiant d’une monnaie sous-évaluée serait devenue un eldorado touristique. La sortie de l’Euro ne pouvait réussir qu’à ces conditions et à court terme le coût aurait été élevé pour les Grecs .
Cette solution, envisagée par l’Allemagne, évoquée en France par Alain Juppé, a immédiatement été présentée par les médias comme égoïste et monstrueuse. Elle était pourtant justifiée par les 62% de Non au référendum organisé par TSIPRAS.
Une deuxième solution totalement opposée était crédible, elle passait par un renforcement de l’Europe politique. Une monnaie unique n’a de sens que s’il existe un budget fédéral représentant au moins 10% du Pib. Ainsi par des transferts budgétaires il est possible de moderniser les régions les plus faibles et de créer une ZONE MONETAIRE OPTIMALE au sens de Mundell. C’est ce qui se passe aux ETATS UNIS. Pour ce faire il faut qu’existe une solidarité entre Allemands, Grecs, Français et donc un patriotisme européen. La seule alternative au Grexit passait par un changement de nature de l’EUROPE.
3) La pire des solutions a été choisie, pourquoi ?
L’Allemagne et les tenants de la rigueur ne veulent pas entendre parler de transferts budgétaires, de réformes constitutionnelles, de changement de nature de la BCE ou de l’Europe. Ils savent parfaitement que la Grèce ne peut tenir ses engagements, il ne leur reste plus qu’à attendre l’échec de cette construction débile et de son promoteur : FRANCOIS HOLLANDE.
Que cherche la France, à trouver plus mauvais élève qu’elle en Europe ?
Les dangers de l’échec annoncé de ce funeste accord sont considérables.
Au moment où la BCE mène enfin une politique intelligente qui nous permet de bénéficier d’un euro et de taux d’intérêt faibles, c’est la construction européenne qui sera menacée par cet échec.
Un individu s’est révélé dans cette affaire en dessous de tout : le premier ministre TSIPRAS. Quelle trahison, quel déni de démocratie ! En disant non les Grecs ont pris le risque du Grexit, TSIPRAS a perdu toute légitimité.

A propos pgibertie

Agrégé d'histoire, Professeur de Chaire Supérieure en économie et en géopolitique, intervenant àBordeaux III et comme formateur à l'agrégation d'économie à Rennes Aujourd'hui retraité
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9 commentaires pour ECONOMIE / GRECE :LE PIRE A ETE DECIDE

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  2. Julie dit :

    Patrice, n’êtes-vous pas un peu trop dur dans votre conclusion concernant A. Tsipras ? :-))
    Les grecs ont voté « Non » le 5 juillet dernier, mais au vu des sondages et des commentaires (avant et après) le référendum, ils n’auraient pas accepté pour autant une sortie de l’Euro – qu’elle soit salvatrice ou non.
    Il me semble alors que Tsipras était acculé, et qu’il n’avait que des non-choix, aussi difficiles les uns que les autres :
    – Rompre les négos, faire un défaut suivi d’une sortie « en désordre » de l’Euro, car il n’avait pas réussi à construire un plan de Grexit viable (les explications de de Y. Varoufakis à ce sujet sont assez claires – http://www.newstatesman.com/world-affairs/2015/07/exclusive-yanis-varoufakis-opens-about-his-five-month-battle-save-greece)
    – Accepter cet accord inacceptable et humiliant, auquel il ne croit pas lui-même – mais qui permet d’arrêter l’asphyxie financière dans laquelle le pays se trouvait depuis 1 semaine.
    Entre Charybde et Scylla, difficile de choisir…
    A mon sens, ce qui a vraiment été en dessous de tout, c’est surtout la posture adoptée par l’Eurogroupe. :-/

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  3. pgibertie dit :

    Mario Draghi et Christine Lagarde obtiendront ils une réduction massive de la dette? C est à moyen terme la seule solution. A long terme demeurent le grexit ou le changement de nature de l’Europe
    Le reste est pitoyable

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  4. pgibertie dit :

    PAUL Krugman
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    When the financial crisis struck, there were widespread calls for new economic thinking; surely, many believed, the drastic events showed that there was something terribly flawed about economic analysis. In fact, however, the crisis itself, and even more the developments that followed, have been anything but puzzling. Again and again, things have played out pretty much the way you would have expected if you (a) understood and took seriously basic Hicks/Keynes macroeconomics and (b) paid attention to the relevant economic history.

    The problem has been that all too many policymakers and pundits were and are either ignorant of these basics or determined to ignore them — or, putting these together, determined to be ignorant. Year after year, as we reproduce the 1930s, the usual suspects have been obsessed with fears of a return to the 1970s; as we become Japan they worry that we’re about to become Zimbabwe; and so on.

    So, on the issue of the moment, there are actually quite good historical models for what Greece has been trying to do — cope with a large debt overhang via austerity policy. Britain, after all, emerged from each world war with very high public debt. Its debt burden just after World War I was, as a share of GDP, roughly comparable to Greece’s in 2009; its burden after World War II was twice as high.

    What happened? Almost three years have passed since the IMF — yes, the IMF — pointed out that Britain between the wars tried a strategy much like that of European debtors: hard money plus austerity. Britain was incredibly determined, running huge primary surpluses as a share of GDP; but it failed to make a significant dent in the debt burden, because deflation ate up any gains from fiscal austerity:

    Photo

    Credit Bank of England and IMF
    The story after World War II was very different. While Britain did run primary surpluses, they were for the most part considerably smaller than after World War I. But the debt ratio fell dramatically, because of the combination of inflation and financial repression that helped keep interest rates low:

    Photo

    Credit Bank of England and IMF
    The secret of Britain’s success the second time around? After World War I it returned to the gold standard; while it did eventually let the pound fall, at that point this mainly was just sufficient to offset global deflation in the face of the Great Depression. After World War II Britain faced a world economy with rising prices, but nonetheless sharply devalued the pound in 1949:

    Photo

    Credit Bank of England
    What, in this history, would lead anyone to believe that the troika’s policies for Greece had any chance of succeeding?

    Now what? If Greece still had its own currency, the case for devaluation would be completely overwhelming at this point. What this means, in turn, is that everything — the ongoing economic disaster in Greece, the bitter divisions within the euro area, the perplexity of even the best intentioned policymakers — flows from the supposedly insuperable technical difficulties of going off the euro.

    Can this possibly make sense given the extremity of the situation?

    JUL 15 9:41 AM Jul 15 9:41 am 96
    An Unsustainable Position
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    Everyone is talking about the IMF’s new update to its debt sustainability analysis, which says that Greece’s attempt to surrender is doomed to failure without massive debt relief. That’s surely the right conclusion.

    However, it’s hard to accept the document’s claim that this is a new development, the result of the banking crisis of the past two weeks plus the economic troubles since Syriza came to power. If the original plan for Greece made any sense, whatever damage has been done recently should be largely reversible: restore liquidity to the banks, establish a government of faithocrats who restore confidence, and debt should end up peaking only a few percentage points of GDP higher than previously predicted. That is, even if you accuse Syriza of botching things terribly, no economic analysis I know of says that a few months of misgovernment permanently damage a country’s growth prospects.

    The point, surely, is that the plan for Greece was never feasible. No matter how willing a nation is to suffer, no matter how willing to run primary surpluses on a scale that is very rare in history, trying to pay off high debt through austerity without any kind of monetary offset is basically a recipe for debt deflation and failure. This is, in fact, what the IMF’s own research has said.

    And the return to growth last year would have turned out to be a false dawn even without the political crisis. That slight uptick largely reflected a pause in austerity — and would have gone away regardless as the troika resumed tightening the fiscal vise.

    So it’s good to see the IMF being realistic here, but the institution remains unwilling to face up fully to past errors — which matters, because these past errors are prologue to the doom that faces any attempt to stay the course.AUL KRUGMAN

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  5. Julie dit :

    Sur le fond du sujet, nous sommes bien d’accord. Les économistes de tout bord (Stiglitz, Krugman, Piketty, etc.) le répètent depuis le début de l’histoire : soit on change la nature actuelle de la zone Euro (ie solidarité, transferts, etc.), soit on laisse la Grèce sortir, dévaluer sa monnaie et reprendre le contrôle de son économie… ce qui changerait aussi, de facto, la nature de la zone Euro.
    Personnellement, je n’arrive pas à comprendre ce point que Krugman souligne à juste titre dans le texte que vous citez : « The problem has been that all too many policymakers and pundits were and are either ignorant of these basics or determined to ignore them — or, putting these together, determined to be ignorant ».
    Pourquoi cet absurde entêtement ? Une piste de réponse possible ici : http://www.alterecoplus.fr/tribunes-debats/crise-grecque-le-theatre-de-labsurde-201507171930-00001828.html
    ‘Ce à quoi nous avons affaire à l’heure actuelle est donc un jeu que Barrie Wilkinson qualifie très justement de « patates nucléaires chaudes », où toutes les offres sont faites pour être rejetées. Mais aucun camp ne peut les rejeter, car cela signifie prendre le risque de porter le blâme de l’inévitable Grexit. Donc propositions absurdes et contre-propositions toujours plus absurdes sont échangées, en espérant que l’autre camp presse la détente en premier. Pendant ce temps, la Grèce s’effondre, l’Europe stagne, et le reste du monde regarde, s’interrogeant sur ce qui a bien pu arriver à l’Europe. Bienvenue au Théâtre de l’absurde. Malheureusement, c’est la seule pièce qui joue, et les représentations s’arrêtent bientôt. » (Mark Blyth – professeur titulaire de la chaire Eastman d’économie politique à l’Université Brown.)

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  6. nicolas dit :

    eh bien monsieur gibertie, à quand une prochaine publication? il y en aurait à dire entre l’instabilité des marchés financiers, la Chine, la FED ou l’Euro!

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